Dans la musique vietnamienne, les principaux instruments qui composent un orchestre traditionnel sont au nombre de huit et sont appelés les huit merveilles (le Bat Tuyêt). Ces instruments sont ensuite complétés par les instruments à vent ainsi que par les percussions.

Vous noterez la logique rigoureuse dont témoignent les noms de ces différents instruments  ;-)

Les instruments à cordes

Les cithares vietnamiennes sont classées en plusieurs catégories selon le nombre de leurs cordes. Ainsi, on trouve des cithares classiques à 16 cordes mais aussi des cithares à 17, 21, 23 ou encore à 24 cordes. Les cithares à 21, 23 et 24 cordes possèdent une gamme de sonorité plus riche que celles des 16 ou 17 cordes. En effet, elles peuvent produire des sons allant de la basse vers l’aigu. Et elles sont utilisées, le plus souvent, dans l’orchestre pour l’exécution des oeuvres contemporaines exigeant des sonorités basses. Les cordes des cithares sont fabriquées soit en laiton soit en acier et l’ensemble produit des sons musicaux métalliques très agréables se rapprochant de la harpe occidentale.

Le dan Tranh (cithare Vietnamienne) :c’est l’instrument le plus courant au sein d’un orchestre traditionnel. LaCithare vietnamienne a une forme longue et mesure en moyenne 1m10. Ses extrémités sont de 22 cm d’un côté et de 11 cm de l’autre. Cependant, ces mesures varient un peu en fonction du constructeur mais aussi en fonction de la particularité de l’instrument. Sur la face de la cithare, des cordes sont disposées le long de l’instrument. Ces cordes sont enroulées autour de tourniquets en bois du côté de la petite extrémité. En ce qui concerne la grande extrémité, les cordes sont enfilées à travers de minuscules petits trous percés à travers la surface de l’instrument. Elles sont maintenues par des petits bouts de papier enroulés. En outre, sur la face de l’instrument sont disposés des chevalets sur lesquels reposent les cordes. En fonction de l’emplacement du chevalet, le son varie du grave à l’aigu et réciproquement.

Le dan nguyêt (luth en forme de lune) : la lunoline doit son nom à sa caisse de résonance dont la forme ronde évoque celle de la pleine lune.
L’instrument se joue en le serrant contre sa poitrine. La lunoline possède deux cordes en soie lesquelles sont posées sur des frettes. L’intervalle entre deux cordes à vide sera réglé suivant la gamme ou la tonalité modale voulue. Les frettes étant placées très haut, cette position permet la réalisation d'inflexions mélodiques très riches et de jeux spéciaux lorsque l’artiste appuie plus ou moins fort sur les cordes

Le dan ty ba (luth piriforme) : le Piriluth est appelé aussi le luth piriforme. Il a la forme d’une poire. Son manche comporte quatre chevilles auxquelles sont fixées des cordes en soie. Chaque corde possède une appellation. De la plus grosse à la plus petite : Binh (armées), Thu (traités de stratégie), Dô (cartes d’état-major), Trân (batailles).
Le son du luth piriforme est grave. Avant chaque phrase, le musicien gratte les 4 cordes pour commencer à jouer. Le luth piriforme a la particularité de posséder les sept notes de la gamme. Comme le luth en forme de lune, la hauteur importante des frettes du luth piriforme permet à ce dernier de produire des inflexions mélodiques spécifiques. Le Piriluth émet des timbres sourds. Il s’agit de l’instrument musical de prédilection des "musiciens à cheval ".

Le dan sên : instrument de musique appartenant à la famille des luths,  il possède aussi deux cordes. Sa caisse de résonance a la forme d’une fleur. Comme le luth piriforme, le Dàn Sên possède les sept notes de la gamme.
Il fait partie de l'orchestre de théâtre rénové dans lequel le musicien virtuose, grâce à des traits de notes très vifs, fait la liaison entre les autres instruments de musique.

Le dan dôc huyên (le monocorde) : Le monocorde est une cithare à ....... une seule corde (d'où le nom!) en acier terminée par une petite tige de bambou laquelle est fixée sur une caisse de résonance ayant la forme d’une noix de coco évidée ou de calebasse. Quant à l’autre extrémité de la corde, elle est maintenue par une petite cheville.
L’instrumentiste gratte la corde, de la main droite, à l’aide d’une tige effilée à l’emplacement des nœuds de vibration donnant ainsi des sons harmoniques tout en faisant varier la tension de la corde de la main gauche. Ainsi, par ces mouvements, on obtient des sons très variés.

Le dan day (le luth des geishas) : Le dàn day est appelé aussi vô dê câm. La boîte de résonance n’est pas ronde comme celle des autres instruments mais elle a la forme d’un trapèze. La face est en bois alors que le dos de la caisse est percé. Le manche est quatre fois plus long que la hauteur de la caisse. Le timbre est grave.
Le Dàn Day sert à accompagner les chanteuses professionnelles (a dào), un style de chant typique du Nord du Vietnam.

Le dan tam (luth à 3 cordes) :Le dan tam, comme son nom l’indique, est composé de trois cordes en nylon avec un capotasto en ivoire ou en os poli pour le réglage. L’instrument ne possède pas de touches et produit un timbre sourd. Et toujours grâce à son chevalet placé très haut, la tension de chaque corde peut varier assez librement pour produire des sons mélodiques à l’aide des notes ornementales.

Le dan nhi (La vielle à 2 cordes) : Comme les vietnamiens se lassaient de traduire dan par luth, ils ont décidé dans le cas présent de traduire dan  par vielle, pour diversifier un peu leur vocabulaire. Pourquoi donc à deux cordes? Certains y verraient une relation avec le nombre de cordes de l'instrument...  Il s’agit donc d’une vielle à deux cordes composée de deux chevilles en bois, d’un crochet mobile et d’une caisse de résonance de forme cylindrique en bois. Cette caisse est recouverte par une peau de serpent. La vielle fait partie des instruments frottés. En effet, l’artiste utilise un archet pour produire des notes.
Au Sud du Vietnam, la Vielle est appelée dàn ti suivant la manière dont elle est accordée. Lorsque la boîte de résonance est réalisée à l’aide d’une noix de coco, la Vielle est alors appelée le dàn gao. L'instrument est le plus souvent utilisé au sein d’un orchestre de cérémonie

Les instruments à vent (Ông tiêu) 

Les instruments à vent sont des instruments très courants au Vietnam, notamment la flûte. Elle est souvent en bambou.
Outre la flûte traversière, il existe aussi la flûte droite (ong tieu).
Ces flûtes  diffèrent non seulement par la position des orifices mais aussi par le timbre et par les doigtés.

Les percussions (trông)

Les percussions occupent une place importante au sein d ’un orchestre car ce sont elles qui permettent de garder le rythme et le tempo.

Il existe plusieurs catégories de percussions à membranes :

Trông van ou " tambour des lettres "
Trông vo ou " tambour des arts martiaux "
Trông dai ou " grand tambour "
Trông tiêu ou " petit tambour "
Trông chiên ou " tambour de bataille "
Trông com ou " tambour de riz "
Trông bông ou " tambour en sablier ", etc.

En outre, il existe aussi des instruments à percussion en bois et en métal.